dimanche 15 avril 2012

Marianne Moore, New-York ( poem).


la romance du sauvage,
agrégée là où nous avons besoin d'espace pour le commerce-
le centre de la vente en gros de fourrures,
étoilé de tipis d'hermine et peuplé de renards,
les poils de garde de deux pouces de long ondulants sur le cuir;
le sol jonché ici et là de peaux de biches-blanches avec des taches blanches
"comme des travaux d'aiguille en satin monochrome peuvent composer un motif varié",
et un duvet d'aigle flétri resserré par le vent;
et des barges de peau de castor; les blanches qu'avivent la neige.
C'est un cri lointain de la "reine couverte de bijoux"
et le galant avec le manchon,
du carrosse doré en forme de bouteile de parfum,
à la jonction du Monongahela et de l'Allegheny,
et la philosophie scolastique du désert.
Ce n'est pas l'extérieur de roman de gare,
les Chutes du Niagara, les chevaux calicots et le canoë de guerre;
ce n'est pas que "si la fourrure n'est pas plus belle que celles qu'on voit d'autres porter,
on s'en passerait bien"-
qu'évaluée en viande crue et en baies, nous pourrions nourrir l'univers;
ce n'est pas l'atmosphère de l'ingéniosité,
les peaux de loutre, de castor, de puma
sans armes à feu ni chiens;
ce n'est pas le butin
mais l'"accessibilité à l'expérience".
(1935)

Marianne Moore, Poésie complète, traduction T.Gilboeuf, José Corti, Paris, 2004.
Images: Helen Levitt.

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