jeudi 11 octobre 2012

JOYCE MANSOUR / Cris (1953)

Je relis, exaspérée par la pluie incessante, incapable de me soumettre à la langueur des textes de Modiano, pourtant de saison, par nécessité d'une langue électrique, plus violente et colorée, la poésie de Joyce Mansour. "L'étrange demoiselle" ne me déçoit jamais. Sous sa frange de reine d'Orient son regard pétille de joyeuse férocité et chacun de ses poèmes irradie les "fleurs insolentes de son langage".
Un peu de cruauté n'a jamais été aussi nécessaire qu'en ces temps de médiocrité monotone. Joyce Mansour nous interdit de l'oublier: "nos baisers meurent plus vite que la nuit"...
    

Je t'ai vu à travers mon oeil fermé
Grimpant le mur effrayant de tes rêves
Tes pieds perdaient pied sur la mousse endormie.
Tes yeux s'accrochaient aux clous qui pendaient
Tandis que je criais sans ouvrir la bouche
Pour ouvrir ta tête à la nuit.

Joyce Mansour, Oeuvres complètes, Actes Sud, 1991.
Illustration: Unica Zürn.

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